01 août 2019

distOrsion

La jalousie est un incendie de l'esprit qui s'embrase lorsque souffle sur lui les rafales destructrices de la distorsion cognitive. L'illusion de la brûlure laisse des traces de cendres sur le coeur si les jets d'amour ne l'éteint pas.

29 septembre 2013

pOmmes

Jetez une quinzaine de pommes en quartiers dans une grande marmite d'eau (125 ml) sucrée (125 ml), ou pas... feu moyen, le temps qu'elles ramollissent gentiment... brassez... saupoudrez de cannelle et envoyez une belle lampée d'eau de fleur d'oranger... baissez le feu au minimum en remuant souvent, histoire d'accompagner la fonte des pommes et d'humer votre belle et bonne compote. Tiède, comme là, tout de suite, c'est fameux. Mais froid, comme demain matin au petit-déj, c'est du bonheur... Vive le temps des pommes!

29 juillet 2013

écriture(s)

«Ce sont les mots qui véhiculent les idées et non pas les idées qui véhiculent les mots» – Serge Gainsbourg

18 février 2013

prétentiOn

L’humilité en tout temps autorise quelques éclats de prétention à l’occasion.

21 octobre 2012

petite sOrcière...

Ce matin, dans le bus... Une petite gamine de 5-6 ans, pas très jolie, très enrobée, mal fagotée, mais très souriante, essaie par tous les moyens d'attirer l'attention de son père, un bel homme baraqué d'une trentaine d'années, le visage fermé, les écouteurs sur les oreilles... Il ne regarde pas sa fille, même quand elle l'appelle... Au moment de descendre, alors qu'il la regarde avec dédain et exaspération, elle lui dit qu'elle a hâte d'être à Halloween, et lui demande :
- J'aimerais ça avoir un déguisement de sorcière moiiiii, papa...
-...
-Papa, est-ce que je pourrais me déguiser en sorcière à l'Halloween?
-Tu ressembles déjà à une sorcière, lui a-t-il répondu en se levant de son siège et en la regardant méchamment dans les yeux, d'un air profondément dégoûté. T'es laide, pourquoi tu voudrais te déguiser en sorcière?
La petite n'a pas répondu, elle est sortie du bus, et a marché derrière son père qui ne l'a pas attendue.

26 août 2012

charlotte aux fraises

   Mathias fêtera ses neuf ans demain. Du moins, il espère. Car aujourd'hui, il a froid. Plus que d'habitude.
   Nicole et Philippe ont d'abord refusé de regarder les choses en face. Mais la santé de leur fils unique, ce petit bonhomme taquin et joueur, toujours de bonne humeur, s'est rapidement dégradée.
   Lors de l'examen hebdomadaire, ce matin, le médecin les a fait asseoir pour leur dire qu'il était désolé, mais qu'il n'avait pas de bonnes nouvelles, que les analyses étaient alarmantes et qu'aucun traitement ne pourrait permettre à Mathias de guérir. Il a même prononcé le mot « incurable », et a pris la peine de préciser que plusieurs chercheurs avaient commencé à s'intéresser à cette maladie rare, mais qu'il ne fallait pas trop compter là-dessus. « Nous n'avons pas le temps », a-t-il clairement dit, en jetant un œil sur Mathias, couché juste à côté. Car, oui, Mathias est malade, a insisté le médecin en fixant Nicole et Philippe un à un dans les yeux, et oui, il va mourir. Il a prévenu que cela pouvait arriver dans un an, dans six mois, ou même demain, et que la seule chose à faire, plutôt que de s'apitoyer, c'était de lui donner de l'amour et de soulager sa douleur par de la douceur.
   Les yeux embués, Nicole est restée figée devant le diplôme du spécialiste accroché sur le mur blanc derrière lui. Philippe, lui, n'a pas dit un mot. Il s'est levé, et a quitté la pièce en claquant la porte. Mathias s'est contenté de penser à demain, quand il soufflerait ses neuf bougies sur une grosse charlotte aux fraises, comme maman et papa lui ont promis.
   Derrière l'ambulance qui ramenait l'enfant chez lui, les parents du petit garçon n'ont pas échangé un mot de toute la route. En sortant de la voiture, la main sur la portière entrouverte, Nicole a dévisagé son mari de longues secondes avec sévérité. La mine basse, elle a fini par esquisser un sourire nerveux, puis elle a rejoint à la hâte Mathias dans le garage, où les infirmiers s'affairaient à réinstaller le lit médicalisé.
   Philippe est resté un moment au volant de la voiture, le visage fermé. Il a pris une grande respiration avant de se diriger vers la porte d'entrée, les mains dans les poches, et les yeux dans le vague. Il est monté à l'étage, et s'est enfermé dans la salle de bain en attendant que les ambulanciers soient partis. Il en est ressorti le visage détendu. Il a descendu les marches très calmement, est entré sans faire de bruit dans la « chambre » de son fils, a souri à sa femme, a souri à Mathias, et les a abattus tous les deux d'une balle dans la tête.

16 août 2012

Dans les yeux de mon enfant

RIRE avec lui. À gorges déployées.
LIRE le plaisir, dans ses yeux pétillants.
se SENTIR heureux, absolument.
instants intenses, émouvants.
ENTENDRE son coeur RESPIRER.
PENSER à demain, quand il sera grand. 
VIVRE... pour que ça dure infiniment.

30 avril 2012

chaussOns...

Il est descendu de l'autobus juste devant moi. Un vieux monsieur aux cheveux blanc, grand et aux larges épaules, à peine courbées. Un vieux monsieur qui même de dos en impose. L'autobus a marqué son arrêt. Le vieux monsieur a lâché la barre verticale qu'il empoignait fermement, il a salué le chauffeur d'un léger mouvement de tête, puis il est descendu. Je lui ai emboîté le pas, mécaniquement. C'est là que je les ai vus. Le vieux monsieur, vêtu d'un jacquard sombre et d'un pantalon de velour marron, portait des chaussons, de vieilles pantoufles érodées par le temps. Le vieux monsieur portait des pantoufles, et marchait l'air de rien dans la rue. J'ai focalisé sur les pantoufles, je l'avoue. je les ai regardées s'éloigner, lentement. Et j'ai pensé à mon grand-père, aux charentaises de mon grand-père... le coeur serré... et j'ai souri... longtemps...

15 avril 2012

quinquennat...

Mon blogue a survécu au quinquennat de Nicolas Sarkozy! Je l'avais inauguré durant la campagne électorale française de 2007. Nous en sommes à celle de 2012. De mémoire, c'était une parfaite coïncidence, même s'il fut parfois maladroitement question de politique, au début. Je ne savais pas trop où j'allais, ni pourquoi je me lançais là-dedans. Une envie d'écrire sans mobile. À une époque où le concept est roi, c'était pour le moins hasardeux. Cinq ans plus tard, je ne suis pas plus avancé, pas plus ambitieux. Ce blogue demeure un espace d'écriture à plume, sans ni queue ni tête. Mais bizarrement, même s'il se meurt, parfois des mois durant à l'abandon, ça me rassure de savoir qu'il existe. Et de constater qu'il a, presque malgré moi, mais surtout avec moi, évolué. Je n'irais pas jusqu'à prétendre qu'il a mûri, mais je ne suis pas loin de le penser. Et si me savoir lu est une effrayante source de motivation, ne pas l'être est ma grotte secrète, mon refuge d'ermite, atmosphérique. C'est pour toutes ces déraisons, n'en déplaise aux lois du marketing, et parce que j'aurai bien un jour des trucs intéressants à raconter, que je vais prolonger l'étrangeté, sans pression, tambour, ni trompette. Je vais continuer d'écrire, court ou brouillon, jusqu'à ce que l'encre lève...

20 février 2012

bOuclier

Le cynisme est une arme psychologique d'illégitime défense qui se manipule avec condescendance et mépris par des sociopathes arrogants bêtement intelligents.

04 novembre 2011

racisme Ordinaire...

Blague québécoise, qui fait bien marrer les Québécois : "Quelle est la différence entre les Français et les osties d'Français? - Les osties d'Français, y sont tous ici (au Québec)."

Admettons maintenant que nous sommes en France, et que ce soit un Français qui dise à la blague devant, mettons, un immigré algérien (entendons-nous, on peut très bien remplacer "algérien" par marocain, tunisien, sénégalais, maghrébin, africain, chinois, roumain, etc.): "Quelle est la différence entre les Algériens et les saloperies* d'Algériens? - Les saloperies d'Algériens, y sont tous ici (en France)."

Ouais, c'est bien ce que je pensais, à part peut-être avec les Belges, ça marcherait pas!

Cette blague québécoise, je me dois de le préciser, me fait rire moi aussi, parce que j'ai le sens de l'humour, de la moquerie et de la dérision, mais si l'on s'attend, en tant qu'immigrant français, à devoir faire un légitime travail d'intégration lorsqu'on arrive au Québec, on s'attend bêtement moins à affronter le racisme ordinaire anti-français, que je perçois quasi-quotidiennement...


*le juron "ostie" est très difficile à traduire, la gamme d'interprétations est très large, dépandamment du degré d'agressivité avec lequel il est prononcé, un peu finalement comme "saloperie".

27 octobre 2011

diplOmate...

La diplomatie, c'est l'art de mettre de l'eau dans son vin et de le boire comme s'il s'agissait d'un grand cru classé...

30 août 2011

26 juin 2011

chOix...

Je frissonne, ma peau s’écaille, mon cœur s’emballe... Flash morbide, mal au bide... Je suis loin, je suis absent, et je m’en veux... La vie est un choix et j’ai fait le mien, mais en proie au désarroi, parfois, je me déçois...  Je panique en silence... avant de revenir à moi... égoïstement...

12 juin 2011

adaptatiOn...

Écrire, c'est s'adapter, la liberté est un leurre... Lire, c'est interpréter, la vérité est ailleurs...

29 mai 2011

lOin des yeux, près du cœur

Le sentiment de culpabilité est une infinie réminiscence inoculée quand on s’en va, où que l’on aille je crois. C’est un sentiment désagréable qui ne se transmet pas, que l’on ne partage décemment pas, et dont on ne se sépare évidemment pas. Ça reste là, ça ne se voit pas. C’est une émotion viscérale qui pique, une vérité non assumée, immigrée dans notre nouvelle réalité, et qui jamais ne s’intègre. C’est un parasite qui nous rappelle trop souvent que tôt ou tard, ce ne sera plus seulement un sentiment.

10 mai 2011

flOraisOn...

Une émotion, c'est l'éclosion d'un instant... Un sentiment, c'est un instant qui mûrit...

11 avril 2011

évOlutiOn

Gommer les aspérités du passé pour mieux recycler l'émotion puisée dans le creuset de la nostalgie, sans renier les réalités et les coups de fouet... Ne pas s'enliser, continuer, avancer, changer...

03 avril 2011

vertiges

    Le p’tit Jack avait toujours été fasciné par les précipices. Depuis qu’il avait commencé à gigoter sur sa table à langer, il était attiré par le vide et ses mystères. C’était plus fort que lui, il fallait qu’il s’en approche, qu’il tente le diable, qu’il prenne le risque inconscient de basculer. C’était, sans l’ombre d’un doute, un enfant heureux de vivre, aimé et entouré, un enfant qu’on ne laisse pas tomber. Il ne fallait donc pas y voir autre chose que de la curiosité mal placée.
Le jour de ses 8 ans, ses parents lui ont offert une virée normande sur les falaises d’Étretat, où le vide alentour est roi. Pris de vertiges, le p’tit Jack s’est pâmé avant de crier à s’époumoner, de joyeux hurlements immédiatement étouffés par les chaudes rafales de vent d’été. Puis il a couru à perdre haleine vers la mer, qui semblait, au loin, prolonger la terre.
    Le jeune garçon a calmé ses ardeurs en arrivant tout près du bord. Les falaises de calcaire dominaient les galets à plus de quatre-vingt-dix mètres de hauteur. Elles s’érodaient avec le temps, se délestant de plus en plus souvent, reculant inéluctablement, faisant craindre aux riverains que leur maison serait, tôt ou tard, offerte en pâture au rivage. Le gamin était loin d’imaginer tout cela. Il se perdait déjà passionnément dans l’immensité salée.
    Il est resté un long moment sur ses deux pieds, hypnotisé par les embruns, avant de s’accroupir au sol, le regard rivé sur l’à-pic. Il s’est couché sur les herbes folles et a rampé lentement vers les nids de goélands. Il voulait voir de plus près ces balcons de craie et de brindilles. Le temps s’est arrêté. Il a observé leurs envolées sans jamais s’ennuyer, ces circonvolutions bruyantes et incessantes, ce ballet virevoltant de ces intouchables oiseaux blancs.
    Le p’tit Jack en a pris plein la vue, en panoramique, s’attardant longuement sur le mouvement descendant de la marée en contrebas, s’oxygénant à plein poumon, s’irradiant d’iode marine et tripant au moindre assaut du vent. Il était bien. Il a patienté ainsi jusqu’au coucher d’un opulent soleil orangé sur l’horizon métallisé. Tout jeune qu’il était, il s’est enivré de ce moment arraché à sa trépidante vie d’enfant.
    Il a découvert qu’il s’y retrouvait, qu’il aurait pu habiter là, pour toujours. Il savait pertinemment qu’à l’école, il passerait pour fou s’il racontait ne serait-ce qu’un soupçon de ses étranges émotions. Alors, il s’est fait une promesse immédiatement emportée par le vent. Il reviendrait quand il sera grand, pour vivre là, tout en haut de cette falaise.
    Le crépuscule a sorti le p’tit Jack de son rêve éveillé. Il a été rejoint par ses parents, qui l’avaient abandonné à son fantasme, restant derrière, à une distance raisonnable. Sa maman s’est mise à genou à côté de lui, elle lui a pris la main et lui a fait un bisou en souriant. Elle avait saisi l’émotion de son rejeton, émue à son tour par la sensibilité et la fierté de son fils.
    Le papa du p’tit Jack, lui aussi revigoré par ce bout d’après-midi vivifiant passé en bord de mer, a soumis l’idée de finir la journée en beauté en allant se ruer en famille sur une marmite de moules marinières. Son invitation s'est vue ponctuer de nouveaux cris, des cris de ralliement. Puis, pris d’un coup de folie, il a soulevé sa fine femme de l’herbage, a enroulé vigoureusement son bras autour de ses hanches, l’invitant gaiement de son autre main à danser aux vents. Devant leur p’tit Jack amusé, ils ont tourné, tourné et tourné encore, partageant un large sourire, avant de trébucher. Ils dansaient beaucoup trop près du vide.

02 avril 2011

susciter...

Il ne faut pas mettre de nom sur les émotions. En parler, c'est les atténuer. Mieux vaut se contenter de les inciter, de les transmettre ou de les partager, en toute sobriété.

16 mars 2011

au fil d'ariane...

Nous sommes la somme de ce que nous avons été... en perpétuelle construction de ce que nous serons...

14 mars 2011

désir d'écrire...

Il y a écrire et écrire. Typiquement, en ce moment, j'écris presque tout le temps, mécaniquement, avec détachement, pour ne pas dire cyniquement. Et dans le même temps, j'éprouve un incroyable désir d'écrire, sans être capable de l'assouvir, comme si ma plume jouait au chat et à la souris.

09 mars 2011

3 ans...

Aujourd'hui, je vais lui parler de toi... je vais lui faire entendre ta voix... il ne comprendra pas... mais je suis sûr qu'il sourira... peut-être même qu'il dira da-da-da... tu verras... 

03 mars 2011

24 février 2011

autonOmie

Avoir des principes, c'est imposer un cadre moral aux moindres de nos actes. Les respecter sans condition, c'est porter atteinte à nos libertés individuelles...

15 février 2011

escrOquerie

Il y a ce que l'on pense et il y a ce que l'on dit... Il y a ce que l'on rêve et il y a ce que l'on vit... La nuance est à la mesure de l'escroquerie : humaine !

14 février 2011

pOil éphémère...

Il me faut tout effacer pour un temps rajeunir, démasquer contraint et forcé l'irritante et ingrate réalité, débroussailler et cisailler la pilosité, sectionner la rousseur indisciplinée, moissonner les germes drus, gommer, oxygéner, revitaliser l'épiderme asphyxié par le déploiement sauvage du temps, rasé cette face de pique... Puis laisser repousser...

31 janvier 2011

petit d'hOmme...

Bizarre cette euphorie intérieure, cette fierté insensée... Bizarre l'intensité de ce bonheur là, de cette joie sanguine et brutale... Bizarre cette émotion à fleur de peau, pure et fébrile à la fois... Bizarre de le regarder, et de ne plus imaginer la vie sans lui... au point de presque en oublier qu'il y a pu avoir une vie avant lui, d'où il a pourtant surgi...

23 janvier 2011

pissOns...

Si l'appétit vient en mangeant, j'ajouterais qu'en ce qui me concerne, en ce moment, l'inspiration vient en pissant. C'est pas très élégant mais c'est cohérent. Ça entre et ça nourrit dans le premier cas, ça sort et ça libère dans le second...

21 janvier 2011

questiOn de directiOn...

Avoir le sens de l'humour, c'est comme avoir le sens de l'amour, c'est faire don de soi...

16 janvier 2011

pOudre aux yeux...

La neige est aspirante. Elle me donne envie de sortir quand tout le monde rentre, de glisser quand trop de monde roule, de me confondre en silence qu'elle impose quand elle se pose, de faire taire les aigris de la magie de la poudrerie.

15 janvier 2011

la fête à mOnsieur Simard

   Il était de bonne humeur en mettant le pied par terre, ce matin, monsieur Simard. 81 ans aujourd'hui et une santé de fer. Pourtant, c'est à la mort qu'il a pensée en se glissant dans ses charentaises. À la mort et à ses vieux camarades, tous disparus, avec lesquels il aurait voulu partager sa journée d'anniversaire et festoyer, comme au bon vieux temps. Le temps où le bouchon de la bouteille de pinard partait directement à la poubelle quand on l'ouvrait. Il a pensé à son camarade de toujours, ce satané Dédé qui s'est pendu un jour de lucidité. Il a pensé à Edmond, qui buvait moins que les copains, mais qui a quand même eu droit à une fatale cirrhose du foie. Il a même pensé à René l'infirmier, rongé par cette saloperie de cancer du côlon qu'il avait cru avoir vaincu après huit ans de traitement handicapant et avilissant, mais qui est revenu à la charge par-derrière pour l'exterminer en moins d'une semaine. Le courant passait plus trop avec René sur la fin, mais c’est comme ça, il y a pensé.
   La maladie, monsieur Simard n'en a finalement souffert que par procuration. Il s'en est d’ailleurs un peu voulu pour ça, se demandant bien pourquoi la vie l'avait épargné à ce point-là, lui qui en avait tant abusé. « Un roc, mon vieux, t'es un roc », a-t-il soufflé au visage gras et buriné qu'il observait fièrement dans la glace ce matin. Il a souri à ce vieil homme aux quatre-vingt-un printemps, il a nettoyé l'émotion qui lui embrouillait la vue, s'est dispensé une petite toilette de chat, s'est raclé violemment la gorge, puis il a gueulé après Gisèle.
   C'est un rituel, tous les matins, même de bon poil, monsieur Simard râle après sa femme. Même si chaque jour, son jus de chaussettes, ses toasts généreusement beurrés et ses œufs au plat, bien poivrés comme il aime, l'attendent à son coin de table, il ne peut pas s'en empêcher, faut qu'il gueule. Ce n'est que lorsqu'il a le ventre plein et qu’il s’est bruyamment étiré, qu’il s'approche de celle qui a partagé les soixante-deux dernières années de son existence pour l'embrasser affectueusement. Goguenard, monsieur Simard place ses deux grosses paluches de part et d'autre de la tête de Gisèle, la regarde une poignée de secondes droit dans les yeux en esquissant un sourire satisfait et lui pose une petite bise sur le front, avant de repartir en bougonnant.
   Après avoir parcouru en vitesse les informations locales et lu en détail les avis de décès, monsieur Simard a pris ses cliques et ses claques et a fait le tour du pâté de maisons pour se dégourdir les jambes avant de filer chez son boucher. Il aime ce moment où il discute le bout de gras en passant chaque pièce de bœuf en revue, avant d'opter finalement systématiquement pour une entrecôte, que Gisèle lui servira bleue avec ses petites patates sautées au beurre et à l'ail et qu'il arrosera de son sempiternel petit verre de rouge qui pique.
   Il se rend à la Boucherie Landry à peu près tous les jeudis depuis une trentaine d'années. Monsieur Simard a bien connu le père Landry, qui est mort en découpant de la viande dans l'arrière-boutique voilà cinq ans, et il a fini par se lier d'affection avec ses deux fils, Éric et Jean-Noël, qui ont repris l’affaire et qui savent y faire avec les clients :
      — Comment ça va ce matin monsieur Simard? a lancé Éric Landry.
      — Je prends 81 ans aujourd'hui mon gars, tu vois un vieillard quelque part toi?
      — Nan, pis je vais vous dire, monsieur Simard, bah vous les faites pas voyez... Un vrai jeune homme !
       — Un jeune homme qui compte ses dents et qui crache à moitié quand il parle... vil flatteur! Pour moi, c'est bientôt la mort mon grand...
      — Houla, 'tendez, vous y êtes pas monsieur Simard, pis ça m'intéresse pas moi de perdre un bon client comme vous...
      — Nan, mais je dis pas que je VEUX mourir... Je dis juste que je suis prêt, c'est tout...
 Le boucher fait une drôle de mine, tourne la tête vers la file d'attente qui s'allonge, mais ne rétorque rien.
      — Tu vois mon p'tit, je regarde derrière moi, pis je me dis que le compte y est. J'ai bien vécu, j'ai pas grand-chose à me reprocher. Nan, je veux foutre le camp avant de plus être capable de rien faire de ma grosse carcasse. Pis je te dis, mes enfants vivent leur vie maintenant. Ils oublient même de venir me voir. Regardez, il n'y en a pas un qui m'a souhaité mon anniversaire aujourd'hui. Mes petits-enfants, on n’en parle pas, ils se fichent bien de leurs grands-parents... Ouais...
      — Vous exagérez pas un peu là, monsieur Simard? Vous avez quand même votre femme, c'est pas rien...
      — La Gisèle? Mais la Gisèle, quand je la regarde, je sais plus pourquoi je suis tombé amoureux mon gars... Ah qu'est-ce que tu veux, c'est comme ça, pis c'est pas maintenant qu'on va y changer quelque chose hein, pas vrai?
      — Est-ce qu'il vous faut aut'chose, monsieur Simard?
      — Nan, merci bien, à jeudi prochain mon gars!
   Monsieur Simard s'est rendu à la caisse lentement, ses épaules basculant très nettement d'un côté puis de l'autre. Il avait ce sourire de l'homme content, gentiment dans la lune. Il a souri à madame Janine sans lui dire un mot, a payé sa bidoche en liquide, puis s'est écroulé de tout son long en un bruit sourd. Le choc, violent, définitif, a résonné quelques instants dans la boucherie, tout le monde restant figé, sans voix. Il était presque midi. Monsieur Simard venait de rendre l'âme, sans rien voir venir.
   À la maison, tout le monde l'attend, sa femme Gisèle et Tonio le bichon maltais, ses trois enfants, ses sept petits-enfants et son arrière-petite-fille sont là, cachés dans la chambre d'amis, pressés et excités à l'idée de sortir d'un coup par surprise pour souhaiter à ce bon vieux monsieur Simard, un joyeux anniversaire...

12 janvier 2011

cicatrisatiOn...

J'te r'vois sans cesse dans cette foutue chambre d'hôpital où tu t'es effondré, il y a déjà bientôt trois ans... Des fois, j'me dis que t'as bien fait... brutalement mais sûrement... sans donner le temps à la folie... épargnant ceux à qui tu manques éperdument d'assister impuissants à ton insupportable ramollissement.

09 janvier 2011

lettre aux lecteurs incOnnus...

La liberté - celle d'écrire du moins - n'est pas donnée à tout le monde. C'est un luxe et je suis un nantis. Toutefois, écrire librement et sans contraintes, sinon celles que je m'impose ici, n'induit pas nécessairement de lecteurs. Jusqu'à maintenant, je n'en ai pas éprouvé le besoin plus que ça. Bien qu'il serait plus juste de tempérer cet élan de snobisme non assumé en reconnaissant que c'est surtout une déficience de confiance qui a tenu tête à mon égocentrisme littéraire.

Ainsi, mis à part quelques privilégiés, aurais-je l'outrecuidance de dire - mais puisque je verse dans le snobisme à grand renfort de petits airs supérieurs, allons y carrément -, je n'ai pas ouvert aussi grand la porte de mon "intimité" que m'incite à le faire mon ego parfois. Fait qu'en résumé, j'ai pas de lecteurs...

Alors si je commence à accepter que quiconque me lise - inconnu au bataillon ou non -, si je prends sur moi pour réprouver cette irritante hantise d'être lu, scruté, moqué qui sait, si je conçois finalement l'interprétation de mes mots - autrement dit si je leur laisse leur liberté -, il me semble subtile de préciser que je n'appelle pas autant le jugement, éditorial s'entend, que l'émotion et les menues réflexions qui motivent mes intentions.

Laissez-moi savoir si elles ont un sens pour vous, car l'ouverture, à tâtons, est ma résolution littérale pour cette nouvelle année...

08 janvier 2011

inspiratiOn...

C'est une émotion qui renaît. Qui naît, pour dire vrai, le recul aidant...

C'était le début de la fin. Il était 21h tout pile, un samedi. La première contraction, la naissance d'une excitation. Je me demande encore comment nous pouvions être aussi calmes et sereins. Parce qu'on était méchamment zen, putain. Toutes les dix minutes, son gros ventre se contractait alors qu'elle demeurait décontractée, son sourire en infusion. Comme si, déjà, la défusion s'opérait. Souriant bêtement comme lorsque j'étais enfant les soirs du réveillon de Noël, moi je voulais juste me doucher, simplement m'apprêter, quand l'inconnu a sonné. Je fais toujours ça, sans trop savoir pourquoi. Je me prépare toujours au dernier moment, juste avant l'arrivée des invités. Je pensais que le temps allait s'emballer. Mais il s'est presque arrêté. La douceur du début de la fin est le bonbon acidulé de mes souvenirs délivrés. La suite est une amère acidité éprouvée jusqu'à cette fin théâtrale, berceau d'une émotion mesurée à explosion rétroactive. Il était né mon divin enfant, et je l'aime comme un fou assurément.

C'est une émotion qui naît, qui renaît, enfin peu importe, elle me fait du profit... je l'espère pour la vie...

31 décembre 2010

cOurse contre la mOrt...

La mort est venue foutre la vie d'un gars bien en l'air ce matin. C'était pas dans l'ordre des choses, il était trop tôt pour s'en aller. Il a lutté contre l'injustice. Il y a cru sûrement. Puis il a renoncé, lui le coureur d'ultra-fond qui est toujours allé au bout de ses courses les plus folles. Il a rendu l'âme, juste à temps pour s'épargner 2011. Juste le temps d'exprimer tout son amour à sa femme et à ses deux petites filles. La mort n'aura pas tout emporté. La fin est tragique, les larmes sont là pour un moment, mais le cadeau est précieux. Le cadeau vital d'un gars bien, un gars qu'on n'oubliera pas comme ça...

28 décembre 2010

les petits instants...

On a tort d'occulter les petits instants au moment de faire le bilan. Ils sont le sel et le ciment. Un bilan sans ces petits instants, c'est rien que du vent...

22 décembre 2010

la belle nuit de nOël...

L'esprit de Noël est dans l'assiette... L'esprit de Noël se mange, se digère, puis s'évacue...

12 décembre 2010

dOdO...

Dedans, toutes les lumières sont éteintes. Dehors, les lampadaires éclairent en sépia les flocons qui blanchissent le bitume. La nuit est rassurante l'hiver, et le silence s'amplifie. Je m'en délecte quelques instants, avant de descendre l'escalier à tâtons. En bas, je vire à gauche machinalement. Je suis le fer, il est l'aimant. Sa chambre se trouve au bout du corridor. De petits lampions tombent du plafond et illuminent la pénombre. C'est juste assez pour le voir. Juste assez pour m'émouvoir, chaque soir.

08 décembre 2010

entre vOus zé mOi

L'écriture intimiste prend tout son sens lorsqu'elle tend vers une lecture universelle... et donc personnelle...

28 novembre 2010

24 novembre 2010

Crise de maturatiOn...

J'aime les reliefs, les montagnes et les nids de poule... les figues et le raisin... la folie et la raison... la chèvre et le chou... le chaud et le froid... l'aurore et le crépuscule... la couleur, le noir et blanc et le gris. J'aime mitiger, nuancer, relativiser. J'aime les histoires qui sonnent juste, les histoires tristes parce qu'inspirées de la réalité, les tranches de vie quand elles ne sont pas réinventées, lissées, déshumanisées... l'idée d'une pluralité des idées qui arment l'opinion. Opportunisme intellectuel pensez-vous? "Maturité" répondait plutôt Richard Martineau dans son ultime chronique, publiée dans le magazine culturel montréalais VOIR en 2006, dans laquelle il justifiait sa liberté de critique tous azimut... Je lui pique sa certitude -mais pas sa liberté- pour émettre l'agréable hypothèse d'une élégante et arrogante "maturité intellectuelle"... 

23 novembre 2010

anachrOnisme...

Commenter des faits historiques au présent, c'est anachronique. Tout autant que de commenter des situations actuelles en se référant sans cesse au passé, à l'Histoire. Au Québec, les Français sont parfois presque obligés de s'excuser, au nom de Louis XV -même au cours d'agréables soirées BBQ- d'avoir lâchement abandonné le peuple québécois, laissant la Nouvelle France aux mains des Britanniques. C'était il y a près de deux siècles et demi! C'est bien d'avoir de la mémoire, mais franchement, le stéréotype de l'immigrant français (parisien?) ne souffre-t-il pas d'assez de défauts comme ça? De même que les jeunes Allemands doivent en avoir plus que marre de payer le fascisme d'antan. Laissons, par pitié, l'anachronisme aux caricaturistes et aux humoristes qui sauront quoi en faire...

21 novembre 2010

échOuée dans un yOgOurt nommé Liberté...

Quand est-ce que l'on commence à vieillir? Je veux dire... vieillir, pour vrai. Pas dans le sens "décliner", nan, ça c'est beaucoup plus tard... plutôt dans le sens "impossible retour", dans le sens grossir comme un cochon et lutter sans succès pour dégraisser, dans le sens gagner en rides et en peau qui se dessèche ce que l'on perd en cheveux et en muscle, dans le sens souffle court après la terrible ascension d'un escalier de dix pauvres marches, dans le sens fatigue lancinante pour rien et dents qui tombent... Ouais "dents qui tombent". Comme ça... dans l'assiette... en bouffant un yogourt inoffensif, un yogourt nommé Liberté, comme pour mieux ridiculiser! Est-ce que c'est possible d'avoir une dent qui casse comme ça, du jour au lendemain, une dent qui a été frottée chaque jour avec application et sans relâche depuis plus de trente ans? Est-ce que ça peut-être le signe d'un vieillissement rédhibitoire? Parce que vieillir, moi, ça me fait pas peur... enfin pas plus que ça... mais perdre des dents, qui plus est en avalant du yogourt, ça ouais, ça me fout bien les j'tons! Perdre une molaire, ça m'emmène loin dans la réflexion, alors que ça devrait m'emmener chez le dentiste. Oh putain le dentiste! Ça mon vieux, ça me fait bien plus peur que de vieillir...

18 novembre 2010

immigratiOn et cOnséquences...

Partir, c'est accepter de recommencer, et que cela se passe moins bien. Partir, c'est parfois se casser la gueule. Partir, c'est une leçon d'humilité à qui veut bien apprendre...

15 novembre 2010

tOrture enfantine...

   Elle a surgi de nulle part, du noir... Paniquée, hystérique, tournant dans tous les sens de mur à mur, comme folle... Elle était planquée depuis la fin de l'été, abandonnée à sa léthargie, résignée. Elle s'est endormie, et s'est faite oublier.
   Elle pensait être passée de vie à trépas quand elle a rallumé ses yeux globuleux. Elle a d'un coup percuté: elle était vivante! Saine et sauve. Elle a sursauté de stupeur, sortant violemment de sa torpeur. Elle a surgi de derrière le rideau du bureau. La lumière l'a électro-choquée. Sa vue a brûlé, ravivant sa vivacité. Elle a pété les plombs et s'est enflammée, filant à toute berzingue, affolée, démente. Alors qu'elle reprenait ses esprits, elle a senti le souffle du vent violent balayant son environnement. Elle a essuyé plusieurs rafales avant de se faire catapulter à terre. Sonnée et décharnée, elle a capitulé.
   Il s'est alors assis, satisfait, restant coi un court instant, bras tendus sur ses mains entrelacées. Ça chatouillait un peu dans le creux, mais pas assez. Agacé, il a levé tout doucement le couvercle de chair, matant du coin de l'oeil sa prisonnière avec curiosité. Il lui a arraché les ailes droites, puis les ailes gauches. Il a tiré un lourd constat: une mouche souffre en silence. Puis il a laissé choir sa victime au sol, pour mieux la voir ramper. La drosophile n'a pas pipé. Le bourreau s'est relevé après avoir un instant collé son menton par terre pour être aux premières loges des effets de sa torture. Mais déçu par cet insecte finalement peu coopérant, il écrasa sa proie comme tranche la guillotine, d'un coup violent, définitif.
   La mouche n'aura pas eu le temps de dire ouf. Et l'enfant, filant vers son goûter du guerrier, n'aura pas eu le temps de prendre le plaisir de sa cruauté.

10 novembre 2010

l'hOmme qui ne se levait plus...

   Le jour se lève, pas lui. Il se terre sous la couette, se recroqueville, prenant une bouffée d'oxygène souillé en inspirant fort dans son oreiller. Il referme les yeux, l'esprit lointain et cotonneux. Il se rendort. Le soleil brille dehors. Sa chambre, à défaut d'être aérée, s'est réchauffée. Il émerge timidement. Depuis deux ans et demi, ce n'est pas du noir qu'il a peur, c'est du jour. Il s'enfonce, et renonce, une fois de plus. Il n'a plus partagé ses draps sales depuis des lustres. Il a appris le déni, l'impuissance de vivre dignement. Il se rendort. Dehors, le vent balaie le trottoir. À l'intérieur, ça pue. Au milieu de l'après-midi, il fait surface, il s'étire et éructe. Il se sent le creux des bras, et enchaîne les bruits de bouche. Pas une fois il ne sourit. Pas une fois il ne croit à ce qu'il vit.
   Une éternité passée, il a les deux pieds vissés au sol, le dos courbé, les mains sous les cuisses, la tête tombante, ses cheveux trop longtemps négligés collent les uns aux autres. Au prix d'un effort qu'il ponctue de sacrements à voix basse, il rapproche sans se mettre debout la bassine qui se tient fidèlement sur le côté du lit délabré. Il se concentre et vise. Une pisse colorée et odorante pleut sur le lino, hydratant les moutons et les immondices. Exténué, il se laisse retomber sur le matelas mou. Il a mal. Mal au coeur, mal à la vie. Échoué à nouveau, il ferme les yeux.
   Le crépuscule s'impose enfin dans la piaule désincarnée. Comme chaque soir, il surgit de son pieu, presque nu, et s'excite subitement. Il coure et dérape sur les merdes et les flaques de vomi séché, il ouvre la porte d'entrée et dévale les marches de son immeuble les yeux embués. La porte de la boîte aux lettres est entrouverte, vide, comme toujours. Il s'assoit, les paupières forées, la bouche à demi béante, le bout de son épaisse langue jaunie repoussant sa large lèvre inférieure. Il reste là un moment, inerte, sans croiser personne...
      -Monsieur?
   Pas de réponse, pas même un sursaut.
      -Monsieur, vous ne pouvez pas rester là. Il faut remonter chez vous, il est tard.
   La tête basse, les yeux grand ouverts rivés sur la céramique gelée, il bave lentement.
      -Monsieur, vous devez vous reprendre, faites un effort... Je... Vous savez les gens parlent, enfin nous parlons de vous... On est à peu près tous d'accord d'ailleurs, il va falloir partir monsieur... On peut plus supporter votre état...  Vous comprenez ce que je vous dis? Vous faites peur à nos enfants... Mais regardez-vous! Et l'odeur, monsieur, l'odeur... c'est plus supportable, ça empeste dans votre appartement et le pire c'est que ça se répand dans tout l'immeuble. Répondez-moi, bon sang, vous ne parlez jamais! Monsieur, je veux bien être gentil mais je vous le dis, il va falloir partir sinon... sinon, enfin, ce que je veux dire c'est que ça va pas bien se terminer. Monsieur?
   Il ne réagit pas, il ne bouge pas, il est absent.
      -Bon, au moins je vous aurais prévenu! Nan parce que moi je suis pas méchant, vous savez, mais c'est quand même pas de ma faute si votre gamin est mort. C'est de la faute de personne! Si vous croyez que picoler va vous le ramener, bah je vous le dis moi, vous vous trompez! Ouais, croyez moi, vous feriez mieux d'essayer d'oublier tout ça et de partir. Aller ailleurs ça ne pourra que vous faire du bien, pis à nous aussi... Monsieur, vous comprenez ce que je vous dis, nom de dieu?
   Il n'aura qu'un silence pour défense. Le voisin rentre chez lui. Il rentre conter son héroïsme à sa femme, qui le pousse depuis des mois à aller dire à cette loque ce que tout le monde pense. Ils seront fiers, ce soir, de cet acte de bravoure.
   Sous la boîte aux lettres ouvertes, Jean a relevé la tête, les yeux dans le vide. Fébrilement, il met son maigre corps debout. Il titube, monte les vingt-quatre marches à quatre pattes, et regagne après de longues minutes sa déchèterie.
   Pour la première fois depuis qu'il a regardé son fils de quatre ans s'en aller fâché de s'être fait disputé, passer le pas de la porte pour la dernière fois, il a tourné la clé dans la serrure. Il a marqué une courte pause, il a relevé la tête, enfin, et s'est assis à la table de la cuisine. L'arme l'attendait depuis trop longtemps. Il n'a plus hésité. Il a suivi le conseil du voisin. Il est parti.

07 novembre 2010

peur paternelle...

Il dort... le souffle lent et régulier... le visage détendu... serein... Il est magnifique... MAGNIFIQUE.
Je le regarde sans me lasser, d'une tendresse absolue, irrémédiable, émue... Une émotion jusque-là inconnue qui se décuple lorsqu'au petit matin, les yeux à peine ouverts, il me sourit, de tout son coeur... Une émotion explosive qui en appelle une autre... terrible, insupportable, inévitable: la Peur !

06 novembre 2010

vaine jalOusie...

Il ne sert à rien d'être jaloux... sinon à anticiper la douleur et à l'auto-alimenter. Un peu de lucidité: autant souffrir le moment venu, si l'occasion se présente.

04 novembre 2010

pOrte Ouverte...

Sa mélodie est immortelle, en moi... Son pouvoir est intact, son émotion immédiate, viscérale. Cicatrice résonnante, récurrente mais toujours évanescente, elle a galvanisé ma nostalgie, habitée ma tragédie, encadrée ma tristesse et témoignée de ma faiblesse. C'est une porte ouverte, à jamais... car j'ai jeté la clé...

03 novembre 2010

manichéisme...

Le Mal est un mal nécessaire... sans le Mal, le Bien ne pourrait pas rivaliser... et la mOralité serait réduite à la vulgarité...

30 octobre 2010

ce qui cOmpte...

L'essentiel est ailleurs, quelque part au coeur du bonheur... L'essentiel ne se vit pas, il s'impose... Il ne se cherche pas, il s'ose... L'essentiel ne brille pas en société, mais il émeut dans l'intimité... L'essentiel est toujours là, même s'il avance masqué... L'essentiel doit être, tôt ou tard, considéré...

28 octobre 2010

nOctambulisme...

La nuit prend le dessus... toujours.... La nuit noie le matin, victime innocente de mes débordements littéraires, jamais mondains...  La nuit vogue à l'heure où je divague, en vain...

27 octobre 2010

cOnfiance...

Je sais d'où je viens... mais pas où je vais...
La vie me plaît... lorsqu'elle n'est pas convenue...

26 octobre 2010

jOurnal de mOntréal...

Je n'aime pas l'image d'un journal qui brûle, même s'il n'a de journal que le nom et de fonction que comme torchon... Boudons, dénonçons, critiquons, sacrons, gratifions la concurrence, mais étouffons le feu... Car les cendres n'ont pas de mémoire, et sans mémoire, il est aisé de réécrire l'histoire...

23 octobre 2010

Et si c'était lui...

Un regard pour dire au revoir sans le savoir... Un regard pour saluer LA vie qui surgit... une émotion confondante... complice... immortelle...

22 octobre 2010

le nid de pOule...

   Un trottoir étroit, un nid de poule, une vieille dame qui ne voit pas, sur trois pattes fébriles.
   La vieille dame a le sourire, elle prend l'air pour la première fois depuis la fuite de l'hiver. Elle avance tout doucement, elle a tout son temps, personne ne l'attend.
   Elle n'a pas vu le trou au milieu de trottoir, sa canne ne l'a pas tâté.
   Personne n'entend le cri surpris de la vieille dame distinguée. Personne n'entend le bruit sourd du fracas de sa tête sur le sol bitumé. La vieille dame pleure, tout doucement, plus pour longtemps...
   Elle a survécu aux camps de la mort, à tous ceux qu'elle chérissait. Mais jamais elle n'a oublié.
   Elle a vécu longtemps, en souffrance, le mal en tête. Jusqu'à ce trottoir, jusqu'à ce petit trou, qui a soldé sa peine... 

20 octobre 2010

malaise...

Un clavier, une nuit, une frustration... quelques mots débarquent à l'improviste. Je les houspille. Ils ne sont pas les bienvenus. Mes doigts s'impatientent, frénétiques. Ils sont aussi nerveux que mon inspiration est nébuleuse. Il n'y a rien à dire, pourtant. Mais ils ne s'y résignent pas. C'est pathétique. Pathologique peut-être. Ma plume est infertile. Ma tragédie est débile. Ces errances ne servent à rien. Sinon à me souvenir. Qu'il ne suffit pas de savoir écrire...

18 octobre 2010

incOmpréhensiOns...

Associés les uns aux autres, les mots perdent leur sens absolu pour s'immiscer dans la relativité et donner vie à toutes les interprétations...

16 octobre 2010

vie de cOuple...

Il est tellement plus facile de se chicaner pour rien que de s'aimer pour tout...

14 octobre 2010