15 novembre 2010

tOrture enfantine...

   Elle a surgi de nulle part, du noir... Paniquée, hystérique, tournant dans tous les sens de mur à mur, comme folle... Elle était planquée depuis la fin de l'été, abandonnée à sa léthargie, résignée. Elle s'est endormie, et s'est faite oublier.
   Elle pensait être passée de vie à trépas quand elle a rallumé ses yeux globuleux. Elle a d'un coup percuté: elle était vivante! Saine et sauve. Elle a sursauté de stupeur, sortant violemment de sa torpeur. Elle a surgi de derrière le rideau du bureau. La lumière l'a électro-choquée. Sa vue a brûlé, ravivant sa vivacité. Elle a pété les plombs et s'est enflammée, filant à toute berzingue, affolée, démente. Alors qu'elle reprenait ses esprits, elle a senti le souffle du vent violent balayant son environnement. Elle a essuyé plusieurs rafales avant de se faire catapulter à terre. Sonnée et décharnée, elle a capitulé.
   Il s'est alors assis, satisfait, restant coi un court instant, bras tendus sur ses mains entrelacées. Ça chatouillait un peu dans le creux, mais pas assez. Agacé, il a levé tout doucement le couvercle de chair, matant du coin de l'oeil sa prisonnière avec curiosité. Il lui a arraché les ailes droites, puis les ailes gauches. Il a tiré un lourd constat: une mouche souffre en silence. Puis il a laissé choir sa victime au sol, pour mieux la voir ramper. La drosophile n'a pas pipé. Le bourreau s'est relevé après avoir un instant collé son menton par terre pour être aux premières loges des effets de sa torture. Mais déçu par cet insecte finalement peu coopérant, il écrasa sa proie comme tranche la guillotine, d'un coup violent, définitif.
   La mouche n'aura pas eu le temps de dire ouf. Et l'enfant, filant vers son goûter du guerrier, n'aura pas eu le temps de prendre le plaisir de sa cruauté.

1 commentaire:

Mel a dit…

Ca me rappelle étrangement quelque chose cette torture!! :-))
Bon, du coup en lisant ça m'a fait mal au coeur pour les pauvres mouches auxquelles nous avons fait un massacre. Cela entraîne l'empathie...pauvre petite mouche!!!
Bon je préfère la première nouvelle, mais celle là est pas mal quand même, on se demande de quoi tu parles, on imagine...mais on ne se doute pas... et ça reste touchant!!